Edouard Limonov est un spécimen, tout le monde en convient. Il est le perdant parfait et assumé. Emmanuel Carrère a écrit une biographie intéressante de lui, Limonov. Mais Carrère a de la difficulté à le juger. C’est normal : c’est un peu Monsieur l’Instituteur qui rencontre Dostoïevski.
La matière première, le Journal d’un raté, est bien plus intéressante. Le rythme est très particulier. Alternance d’entrées courtes, longues et moins longues. Parfois sentimental, ensuite cruel. Et que dire de cette solitude extraordinaire dans New York, de la capacité qu’a Limonov d’écrire dans un état de misère extrême. C’est un livre de révolte totale.
Limonov reste habile malgré tout à se détacher par exemple des détails d’un long voyage de rupture « amoureuse » à l’autre bout des États-Unis, pour en raconter l’essentiel. Des chutes surgissent dans les dernières lignes de plusieurs entrées du journal, qui sont en fait comme de courtes nouvelles – chute ou remarque qui n’ont rien à voir avec le reste, sortes de reprises poétiques comme dans un chant, mais un chant violent :
« Je dois me cacher de mes anciens amis, entrer dans la clandestinité, déclarer la guerre à tous. »
Ailleurs : « J’aime les lombrics. Ce sont mes animaux préférés. » Regardant depuis la chambre de l’hôtel minable où il habite le ciel de New York cracher de la pluie, il peint un tableau cru, baudelairien de la ville : « C’était vendredi et la foule bruyante des esclaves se laissait aspirer par les restaurants et les théâtres. »

Le livre décrit un tel afflux de fantasmes sexuels que c’en est comique. C’est à la fois trop et tellement vrai. Il est d’autant plus drôle de voir des étiquettes « Coup de cœur » collées sur tous les exemplaires du livre dans une librairie.

This is a great postt thanks
J’aimeAimé par 1 personne
Thanks a lot! Maybe I should “DeepL” in English some of the articles on this website, as I was already suggested. Will think about it.
J’aimeJ’aime