Il faut avoir l’estomac solide pour passer à travers cet Automne allemand de Stig Dagerman, l’écrivain suédois connu surtout pour Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, court monologue très émouvant qu’il a écrit six ans plus tard. Il y écartera, l’une après l’autre, toutes les consolations qui s’offrent à notre solitude et à… Lire la suite Automne allemand, de Stig Dagerman
Catégorie : Notes de lecture
Les lectures de Thomas Mann
Si l’on se fie à son Journal (1918-1921, 1933-1955, le reste ayant été détruit), tout le long de sa vie, à 45 ans ou à 70, Thomas Mann quand il trouve le temps de lire, souvent le soir et parfois jusque tard dans la nuit, ne lit, à part les livres de son frère Heinrich… Lire la suite Les lectures de Thomas Mann
Langue et “diversité”
Vienne – aux prises il y a cent ans avec le problème de la langue nationale menacée. Dans son livre L'impossible exil de Stefan Zweig, où il se concentre sur les dernières années du célèbre écrivain autrichien, George Prochnik décrit ainsi la Vienne de l'époque : « Parce qu’elle était un pôle d’attraction pour les… Lire la suite Langue et “diversité”
Le magicien, de Colm Tóibín
Le magicien est Thomas Mann, que ses enfants avaient surnommé ainsi parce qu’il leur faisait des tours de magie. La magie a opéré aussi quand il avait fait passer quatre générations de sa famille dans Les Buddenbrook à l’âge de 25 ans ou qu'il sublimera la montagne où il était allé rendre visite à sa… Lire la suite Le magicien, de Colm Tóibín
Note sur Tonio Kröger de Thomas Mann
Ce court roman est merveilleux. Il a des points communs, mais quelques-uns seulement, avec les Lettres à un jeune poète de Rilke. Les deux cultivent la solitude, acceptée comme un devoir sacré ou comme une malédiction, la difficulté d’être comme les gens normaux qui vivent à plein leur vie, et la méfiance à l’égard de… Lire la suite Note sur Tonio Kröger de Thomas Mann
Winesburg-en-Ohio, de Sherwood Anderson
J’avais déjà lu quelques nouvelles de Sherwood Anderson (1876-1941) dans des anthologies de short stories américaines, où il brille souvent par sa présence. Son écriture m’a toujours semblé manquer de relief, une langue ordinaire non pas blanche mais coulée dans une syntaxe simple et parfois relâchée, avec la petite musique pressée de la langue qu’on… Lire la suite Winesburg-en-Ohio, de Sherwood Anderson
Note sur la traduction de L’iris sauvage, de Louise Glück
En lisant L’iris sauvage de Louise Glück, on remarque vite que les mots qui se rapportent au je qui est présent dans presque tous les poèmes sont accordés parfois au féminin, parfois au masculin. C’est que l’identité de la voix qui s’exprime à la première personne varie au fil des pages. Dans les extraits suivants :… Lire la suite Note sur la traduction de L’iris sauvage, de Louise Glück
Fin de combat, de Karl Ove Knausgaard
Fin de combat est le sixième et dernier tome du long roman de Knausgaard, Mon combat. Les quatre mille cinq cents pages (en français) de l’œuvre ont été écrites à un train d’enfer, de l’hiver 2008 à l’automne 2011. Quarante ans de la vie de l’auteur y passent dans le désordre. Malgré l’étiquette d’écriture automatique… Lire la suite Fin de combat, de Karl Ove Knausgaard
Peinture : Edvard Munch
Deuxième chronique sur un essai d'écrivain consacré à la peinture. Cette fois, le livre de Knausgaard sur Edvard Munch. Knausgaard commence son examen des tableaux de Munch (1863-1944) par le très beau Champ de choux, peint en 1915. Ce genre de paysage pur, sans âme qui vive a marqué les peintres canadiens du Groupe des… Lire la suite Peinture : Edvard Munch
Sándor Márai entre Krúdy et Kertész
Envoûté par Dernier jour à Budapest, le roman de Sándor Márai, je suis allé me promener dans ses œuvres, difficiles à faire traverser l’Atlantique à cause de la pandémie, mais heureusement disponibles dans des librairies de Montréal. Puis sautant entre les générations d’écrivains hongrois, j’ai reculé jusqu’à Gyula Krúdy (1878-1933) que Márai décrivait dans son… Lire la suite Sándor Márai entre Krúdy et Kertész
Six romans
Brèves critiques de romans faites peu de temps après leur parution, et publiées d'abord séparément : romans de Maxime-Olivier Moutier, Michel Braudeau, Ayavi Lake, H.A. Sarori, Christine Daffe et Guillaume Bourque. * Journal d’un étudiant en histoire de l’art, de Maxime-Olivier Moutier (oct. 2016) On s’amuse et on s'instruit à la fois dans le roman… Lire la suite Six romans
Comment lire Bartleby
Un siècle et demi après sa parution, j’ai lu la fameuse nouvelle d’Herman Melville, Bartleby, the Scrivener (Bartleby, le scribe). L’auteur de Moby Dick est un géant dans l’histoire de la littérature. Camus le plaçait au-dessus de Kafka parce qu’il voyait chez lui une part de lumière absente chez le second. Mais cette clarté lui… Lire la suite Comment lire Bartleby
Sally Rooney
Lu dans la revue Granta un texte superbe d'une Sally Rooney, écrivaine irlandaise de 27 ans qui m'était inconnue et dont on va entendre parler, puisqu'elle est déjà considérée comme lauréate possible du Booker Prize. Le texte est extrait de Normal People, roman, mais possède la densité d'une nouvelle. On voit évoluer, très lentement, dans… Lire la suite Sally Rooney
Une femme fuyant l’annonce, de David Grossman
Ce célèbre roman sur la « situation », comme on dit en Israël, a été publié il y a déjà 10 ans. Sa genèse est unique : En 2003, alors que son propre fils est au front, Grossman commence un roman qui raconte l’histoire d’une mère angoissée à l’idée de perdre son fils parti à la guerre. Il va… Lire la suite Une femme fuyant l’annonce, de David Grossman
« Dear Zealots », d’Amos Oz
Ce livre reproduit trois conférences prononcées par l’écrivain israélien Amos Oz dans les quinze dernières années : la première reprend son plaidoyer célèbre contre le fanatisme, la seconde est une longue exploration de la nature du judaïsme, la troisième, « Dreams Israel Should Let Go of Soon », une vigoureuse défense de la solution à… Lire la suite « Dear Zealots », d’Amos Oz
Dostoïevski au théâtre et Tchekhov au cinéma
L'adaptation de L’Idiot au Théâtre du Nouveau Monde a reçu des critiques si élogieuses que c’est presque gênant d’émettre des réserves. La pièce, avec les adresses au public et une mise en scène minimaliste, exploite bien l’idée maîtresse du roman : la personne si bonne que par réaction les autres finissent par faire sortir le venin… Lire la suite Dostoïevski au théâtre et Tchekhov au cinéma
Beigbeder chez Hesse
Dans son Premier Bilan après l’apocalypse, Beigbeder place Le loup des steppes parmi les 100 livres qu’il retient du 20e siècle (93e). Le roman a été écrit en 1927, ensuite interdit par les nazis, puis est devenu un livre culte dans les années 60. Il s’en vendait pendant un bout de temps jusqu’à 400 000 exemplaires par… Lire la suite Beigbeder chez Hesse
L’ordre du jour, d’Éric Vuillard
Pourrait servir d'introduction ou de lecture préparatoire aux Bienveillantes de Jonathan Littell. Les œuvres les plus fortes qui tournent autour des Nazis et de la Deuxième Guerre mondiale ne sont pas celles qui nous donnent à lire un chapitre clos de l’Histoire, mais celles, comme ces deux-là, qui nous font bien sentir que tout cela est encore… Lire la suite L’ordre du jour, d’Éric Vuillard
Quatuor, d’Anna Enquist
Sombre roman néerlandais qui réunit quatre instrumentistes à cordes dont la musique est un hobby libérateur à coté de leur carrière : luthier, médecin, infirmière et médiateur culturel. Un couple parmi eux, un divorcé avec sa petite fille, une mère de famille, leurs amitiés difficiles. Tout est raconté au présent de façon naturelle. On finit… Lire la suite Quatuor, d’Anna Enquist
Au Lincoln Center
Merveilleux coup d’oeil de Ph. Roth : « Je le vois la regarder traverser — d'une belle foulée — la vaste esplanade du Lincoln Center. Il est caché derrière un pilier, invisible, l'œil sur elle, comme moi le soir où je l'ai emmenée à son premier concert Beethoven. Elle porte des bottes, de hautes bottes de… Lire la suite Au Lincoln Center
Les romans de Douglas Kennedy
J’ai lu à la file une série de romans de Douglas Kennedy. Récits captivants, de vrais page-turners, autour d’histoires conjugales ou amoureuses où les couples se font et défont sur un arrière-plan tragique. Kennedy est un expert en rebondissements, capable de clore dix courts chapitres de suite sur des chutes qui renvoient le lecteur dans… Lire la suite Les romans de Douglas Kennedy
Karl Ove Knausgaard
Janvier-mars 2017 À propos de commentaires sur le roman Mon combat de Knausgaard glanés ici et là. D'abord, ce jugement incroyable de Pierre Assouline dans un Dictionnaire amoureux des écrivains. Amoureux… Son sophisme est éclatant comme un haïku : il appelle Knausgaard le Proust norvégien ; le juge en fonction de Proust ; l'exécute. Sauf que Knausgaard… Lire la suite Karl Ove Knausgaard
Annie Saumont
Vient de mourir. Icône de discrétion. Contrairement à Carver, son minimalisme est réel, il vient d'elle-même. Elle respire comme ça, son style est lent, se développe par petites touches, et pourtant l'histoire est nette et rapide. Elle n'écrit comme personne, et personne n'écrit comme elle. En deux trois coups de crayon, elle peut créer une… Lire la suite Annie Saumont
Shirley Jackson
Étonné de tomber, dans le journal Le Devoir d’hier, sur un article consacré à la nouvelle « La loterie » de l’écrivaine gothique américaine Shirley Jackson. J’ai découvert ce chef-d’œuvre il y a une vingtaine d’années en lisant un recueil publié à la St. Martin’s Press, The Short Story, 25 Masterpieces, où Jackson côtoyait Joyce,… Lire la suite Shirley Jackson
Kundera, Joyce et le narrateur
Je viens de lire un éloge de Risibles Amours, le recueil de nouvelles de Kundera, que j'ai lu il y a fort longtemps, mais que j'avais trouvé ennuyant comme la pluie. Je l’ai oublié, je me souviens seulement d’une scène où le narrateur ridiculise une militante qui s’offre à lui. C’est la même chose avec… Lire la suite Kundera, Joyce et le narrateur
Flaubert et Louise Colet
Dans sa Correspondance, Flaubert n’y va pas avec le dos de la cuiller quand il révise les poèmes que Louise Colet soumet à son œil critique. Aucune délicatesse. Et pourtant son jugement n’est pas toujours évident, c’est à l’emporte-pièce parfois, d’ailleurs elle semble ignorer la plupart des corrections qu'il lui propose. C'est qu'il lui parle… Lire la suite Flaubert et Louise Colet
Notes sur Proust
Le lire est un travail, presque de bénédictin. Ce serait amusant d’avoir une idée du nombre de phrases qu’on doit relire deux ou trois fois avant d'être sûr d'avoir tout saisi, ou ne serait-ce que pour bien en comprendre la structure. Du côté de chez Swann est quand même encadré à chaque bout par deux… Lire la suite Notes sur Proust
Zola
Ce passage de L’assommoir que j’attrape au hasard : « Elle se tortillait, fallait voir. Et des coups de derrière à gauche, et des coups de derrière à droite, des révérences qui la cassaient en deux, des battements de pieds jetés dans la figure de son cavalier, comme si elle allait se fendre ! On faisait… Lire la suite Zola
Qui est je ?
Imre Kertész cité dans Philosophie Magazine : « De Wittgenstein, je retiens surtout l’idée qu’il n’y a pas d’expérience privée, parce que le langage dans lequel nous pensons et nous exprimons nous vient des autres. Chaque fois que je dis “je”, je dis tout aussi bien “il” ou “elle”, puisque je m’empare d’un pronom qui n’est… Lire la suite Qui est je ?
Seule la mer, d’Amos Oz
L'un des plus beaux romans que j'aie jamais lus. Écrit avec une telle liberté de forme que bien d'autres écrivains ont l'air pris dans une camisole de force par comparaison. Un seul fil narratif, mais qui passe par une série de récits, de conversations entre morts et vivants, de poèmes, de dialogues intérieurs, de citations… Lire la suite Seule la mer, d’Amos Oz