En lisant L’iris sauvage de Louise Glück, on remarque vite que les mots qui se rapportent au je qui est présent dans presque tous les poèmes sont accordés parfois au féminin, parfois au masculin. C’est que l’identité de la voix qui s’exprime à la première personne varie au fil des pages. Dans les extraits suivants :… Lire la suite Note sur la traduction de L’iris sauvage, de Louise Glück
Catégorie : Notes de lecture
Comment lire Bartleby
Un siècle et demi après sa parution, j’ai lu la fameuse nouvelle d’Herman Melville, Bartleby, the Scrivener (Bartleby, le scribe). L’auteur de Moby Dick est un géant dans l’histoire de la littérature. Camus le plaçait au-dessus de Kafka parce qu’il voyait chez lui une part de lumière absente chez le second. Mais cette clarté lui… Lire la suite Comment lire Bartleby
De Querelle en Querelle
Querelle de Roberval s’ouvre sur la chambre où le beau Querelle reçoit les garçons de la ville qui ne rêvent que de s’offrir à lui. Ce début provocant, écrit sur un ton lyrique et pornographique, est conséquent avec le souhait de Kevin Lambert que l’hétérosexualité cesse d’être la norme dans la société. Mais même en… Lire la suite De Querelle en Querelle
La critique face aux fantômes
Dans son essai Que peut la critique littéraire ?, David Dorais rappelle une qualité singulière de La constellation du Lynx, le roman de Louis Hamelin. Dorais reproche aux critiques littéraires de mal apprécier diverses techniques de l’imaginaire utilisées par les romanciers, comme le recours aux mythes, au fantastique ou à des images fortes. Il montre… Lire la suite La critique face aux fantômes
Sally Rooney
Lu dans la revue Granta un texte superbe d'une Sally Rooney, écrivaine irlandaise de 27 ans qui m'était inconnue et dont on va entendre parler, puisqu'elle est déjà considérée comme lauréate possible du Booker Prize. Le texte est extrait de Normal People, roman, mais possède la densité d'une nouvelle. On voit évoluer, très lentement, dans… Lire la suite Sally Rooney
Bernard Émond et Louis Hamelin sur la route
Simple curiosité. Le hasard a fait qu'en moins de quarante-huit heures, j’ai vu le poignant film de Bernard Émond, Pour vivre ici, et lu la nouvelle « Le Club » de Louis Hamelin dans la revue Granta. Les deux sont parus à un an d'intervalle, peut-être conçus en même temps, mais au départ n'ont rien… Lire la suite Bernard Émond et Louis Hamelin sur la route
Beigbeder chez Hesse
Dans son Premier Bilan après l’apocalypse, Beigbeder place Le loup des steppes parmi les 100 livres qu’il retient du 20e siècle (93e). Le roman a été écrit en 1927, ensuite interdit par les nazis, puis est devenu un livre culte dans les années 60. Il s’en vendait pendant un bout de temps jusqu’à 400 000 exemplaires par… Lire la suite Beigbeder chez Hesse
L’ordre du jour, d’Éric Vuillard
Pourrait servir d'introduction ou de lecture préparatoire aux Bienveillantes de Jonathan Littell. Les œuvres les plus fortes qui tournent autour des Nazis et de la Deuxième Guerre mondiale ne sont pas celles qui nous donnent à lire un chapitre clos de l’Histoire, mais celles, comme ces deux-là, qui nous font bien sentir que tout cela est encore… Lire la suite L’ordre du jour, d’Éric Vuillard
Le poids de la neige, de Christian Guay-Poliquin
Dans toutes les recensions et entrevues que j'ai lues sur Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin, il n’est jamais question de l’aspect religieux du livre. Il me semble pourtant que ça crève les yeux. Tous les personnages masculins, sauf un, portent un prénom à résonance biblique qui commence par la lettre J (ils… Lire la suite Le poids de la neige, de Christian Guay-Poliquin
En lisant Le palais de la fatigue
Bijoux dans le recueil de nouvelles de Michael Delisle : « Sur le projet de son groupe, [mon frère] ne s'est ouvert qu'une fois, pour m'avertir qu'advenant la “Révolution” il ne pourrait rien pour ma mère et moi, et que nous serions probablement fusillés. Aucunement navré, son ton était professoral. » « Mon frère avait-il, quelque… Lire la suite En lisant Le palais de la fatigue
Au Lincoln Center
Merveilleux coup d’oeil de Ph. Roth : « Je le vois la regarder traverser — d'une belle foulée — la vaste esplanade du Lincoln Center. Il est caché derrière un pilier, invisible, l'œil sur elle, comme moi le soir où je l'ai emmenée à son premier concert Beethoven. Elle porte des bottes, de hautes bottes de… Lire la suite Au Lincoln Center
Karl Ove Knausgaard
Janvier-mars 2017 À propos de commentaires sur le roman Mon combat de Knausgaard glanés ici et là. D'abord, ce jugement incroyable de Pierre Assouline dans un Dictionnaire amoureux des écrivains. Amoureux… Son sophisme est éclatant comme un haïku : il appelle Knausgaard le Proust norvégien ; le juge en fonction de Proust ; l'exécute. Sauf que Knausgaard… Lire la suite Karl Ove Knausgaard
Annie Saumont
Vient de mourir. Icône de discrétion. Contrairement à Carver, son minimalisme est réel, il vient d'elle-même. Elle respire comme ça, son style est lent, se développe par petites touches, et pourtant l'histoire est nette et rapide. Elle n'écrit comme personne, et personne n'écrit comme elle. En deux trois coups de crayon, elle peut créer une… Lire la suite Annie Saumont
Shirley Jackson
Étonné de tomber, dans le journal Le Devoir d’hier, sur un article consacré à la nouvelle « La loterie » de l’écrivaine gothique américaine Shirley Jackson. J’ai découvert ce chef-d’œuvre il y a une vingtaine d’années en lisant un recueil publié à la St. Martin’s Press, The Short Story, 25 Masterpieces, où Jackson côtoyait Joyce,… Lire la suite Shirley Jackson
Glanures de Ferron
Jacques Ferron dans sa correspondance avec André Major : « Les Néo-Canadiens sont hostiles aux Canadiens français. Ils ont perdu leur langue ; ils ne nous pardonnent pas de conserver la nôtre. » « Nous commençons tous par la poésie et comment finissons-nous ? Nous avons mal fini. Au moins jusqu’à ce jour. Nous nous… Lire la suite Glanures de Ferron
Kundera, Joyce et le narrateur
Je viens de lire un éloge de Risibles Amours, le recueil de nouvelles de Kundera, que j'ai lu il y a fort longtemps, mais que j'avais trouvé ennuyant comme la pluie. Je l’ai oublié, je me souviens seulement d’une scène où le narrateur ridiculise une militante qui s’offre à lui. C’est la même chose avec… Lire la suite Kundera, Joyce et le narrateur