Notes de lecture

Le poids de la neige, de Christian Guay-Poliquin

Dans toutes les recensions et entrevues que j’ai lues sur Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin, il n’est jamais question de l’aspect religieuxGuay-Poliquin du livre. Il me semble pourtant que ça crève les yeux.

Tous les personnages masculins, sauf un, portent un prénom à résonance biblique qui commence par la lettre J (ils n’ont pas de nom de famille) : Jonas. Jacob. Joseph. Jacques. Jude. Jean. Jérémie. Il y a aussi un José, on dirait Jésus allitéré. Du côté des femmes : Judith (plus une Joëlle et une Jannick). La femme au centre du roman, la belle vétérinaire que les hommes désirent, s’appelle Maria. Et, je divulgâche un peu, Joseph et Maria – oui, Joseph et Maria ! – vont se sauver ensemble du village où tout le monde est prisonnier d’une sorte d’Ange exterminateur, qui est en fait la nature.

On dirait donc qu’il y a une charge symbolique, à moins que ce ne soit un jeu, un caprice technique de l’auteur, comme la hauteur en centimètres de la neige indiquée au début de chaque chapitre. 

À la fin, le vieux Matthias (encore un nom hébraïque) qui a pris soin du narrateur blessé pendant tout l’hiver lui lit, tirée d’un livre qu’il a trouvé dans la maison abandonnée où ils tentent de survivre, la parabole de l’enfant prodigue. Sans parler de l’atmosphère d’apocalypse qui règne tout le long, bien que ce ne soit pas une angoisse étouffante comme celle du Procès de Kafka ou de La route de Cormac McCarthy. Mais dans la certitude qui nous est donnée qu’ils s’en sortiront, puisque au fil des chapitres le graphique de la neige commence un jour à descendre et que de toute façon les saisons finissent toujours par passer, n’y a-t-il pas encore une dimension religieuse ?

2 réflexions au sujet de “Le poids de la neige, de Christian Guay-Poliquin”

  1. J’avais remarqué que tous les noms commençaient par J ou par M, et ça m’avait beaucoup intriguée sans que je fasse pour autant le lien avec un aspect religieux. Merci pour cette interprétation intéressante!

    Par ailleurs, il est toujours fascinant de lire différentes critiques d’un même livre. Ça nous permet de voir à quel point, d’un lecteur à l’autre, on peut être accroché par différents aspects du livre. De mon côté, c’est le style qui m’a le plus marquée: https://lepetitblogue.ca/le-poids-de-la-neige/

    🙂

    Aimé par 1 personne

  2. Ces éléments religieux (s’ils le sont vraiment) dans le roman font en quelque sorte partie du style. Ce qui m’a plus frappé dans le style proprement dit, c’est qu’il raconte toute cette histoire au présent, et il le fait très bien. On se doute que raconté au passé, le récit aurait eu moins de force.

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