Notes de lecture

Un ange cornu avec des ailes de tôle, de Michel Tremblay

Quand on a lu les Chroniques du Plateau Mont-Royal, on n’est pas si étonné d’apprendre qu’adolescent Tremblay a dévoré Proust. Surtout quand on tombe sur des passages comme le portrait de sœur Philomène à l’église dans la 2e partie de Thérèse et Pierrette à l’École des Saints-Anges. En passant, je ne sais pas d’où vient la légende qu’il écrit en joual, en dehors des dialogues.

Dans Un ange cornu, la longue conversation qu’il a avec sa mère, fille d’une Cree nommée Desrosiers (bonne lignée), au sujet du roman Patira d’un Raoul de Navery, vaut le détour à elle seule. Tout le récit est une conversation, relatée de main de maître, avec une mémoire infaillible, où la candeur du fils, qui dénonce les absurdités du roman, n’a d’égale que celle de la mère, qui ne va pas se faire enlever le plaisir qu’elle a eu à lire le livre. Chacun à sa manière, les deux auront le dernier mot.

Au fil des pages on rencontre Jules Verne, Gabrielle Roy, Eschyle et… l’auteur des Contes pour buveurs attardés, qui avaient été refusés par Alain Stanké ; mais Tremblay sera rusé. On a droit aussi à un aperçu du monde de l’édition dans les années soixante.

Mère et fils :

« – Les livres, c’est pas supposé de ressembler à ce qui se passe pour vrai ?
– Tu joues avec ma patience, Michel…
– J’joue pas avec ta patience, j’te pose une question !
– Que c’est que tu veux que j’te réponde ? Chus pas une spécialiste de la littérature, moi !
[…]
FBB16D98-83AA-4125-A862-104ABBF82E8BQuand on commence à discuter avec toi, on sait pas quand ça va finir. Pis arrête de dire « moé » pis « toé », tu sais que j’haïs ça !… »

Père et fils :

Son père le tire jusqu’au supermarché Steinberg, l’amène devant les étagères de boîtes de soupe Campbell :

« …Écoute ben… Pour que toutes les étiquettes soyent du même rouge, y’a une recette secrète pour le rouge Campbell… un mélange d’encre d’imprimerie ben ben secret… Dans chaque ville d’Amérique du Nord oùsqu’y’ impriment les étiquettes Campbell, y’a UN pressier dans UNE imprimerie qui a ce secret-là… pis icitte, à Montréal, c’est ton père ! »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s