J’ai rarement vu un écrivain défendre un genre littéraire avec autant de fougue et d’acharnement que le fait Étienne Beaulieu dans Un essaim de poussière, un livre — en fait un pamphlet — dans lequel il dénonce le sort réservé à l’essai dans l’espace public au Québec et examine la question sous toutes les coutures.… Lire la suite Un essaim de poussière, d’Étienne Beaulieu
Auteur : Jacques Desrosiers
“The End” by Karl Ove Knausgaard
Note that the original French version of this article was published four years ago. The End is the sixth and final volume of Knausgaard’s monumental novel cycle, My Struggle. Written at breakneck speed between winter 2008 and autumn 2011, the complete 3,700-page work chronicles forty years of the author’s life in seemingly chaotic detail. Despite… Lire la suite “The End” by Karl Ove Knausgaard
Souches, de Myriam Ouellette
Souches raconte l’épreuve qu’a traversée l’auteure atteinte il y a quelques années d’une leucémie aiguë. D’abord, la vaine chimio qui vous dénude le crâne et « vous tue un peu pour vous sauver ». Puis l’obligatoire greffe de cellules souches, dont les chances de prendre sont de cinquante-cinquante et qui demandera deux ans avant que les médecins… Lire la suite Souches, de Myriam Ouellette
Deux ou trois remarques sur L’ignorance, de Milan Kundera
Dans 𝐿’𝑖𝑔𝑛𝑜𝑟𝑎𝑛𝑐𝑒, Milan Kundera raconte le retour dans leur pays de deux émigrés tchèques qui reviennent « chez eux » au moment de la chute du rideau de fer (1989), vingt ans après le Printemps de Prague (1968). Il raconte surtout leur désenchantement face à l’absence totale de curiosité à leur endroit de la part… Lire la suite Deux ou trois remarques sur L’ignorance, de Milan Kundera
La petite maison
C’était il y a trente ans, une petite maison d’un quartier paisible qu’on nous avait prêtée pour une semaine, entre deux déménagements. Sympathique, faite de petites pièces, avec des ventilateurs de plafond en bois qui lui donnaient un cachet rustique et de nombreuses places où s’asseoir malgré l’espace exigu. Rien que dans le salon et… Lire la suite La petite maison
En relisant “Dubliners” de Joyce
J'ai relu au hasard deux nouvelles du recueil Dubliners dans le texte original, « Counterparts » et « Boarding House ». Joyce décrit dans les deux cas un cercle infernal dont personne parmi ces gens ne peut s’échapper, quelque chose dont il est impossible de sortir, une paralysie, un huis clos. On pense à Boule de… Lire la suite En relisant “Dubliners” de Joyce
Des nouvelles de Bernard Émond
Sauf erreur, les Quatre histoires de famille d’Émond n’ont pas fait grand bruit quand elles sont parues en 2022. Peut-être qu’on a regardé le cinéaste comme un intrus qui débarquait dans la cour des grands. Son attention au monde, à la nature, aux gens – bien connue parce qu’il a martelé son credo sur de… Lire la suite Des nouvelles de Bernard Émond
Automne allemand, de Stig Dagerman
Il faut avoir l’estomac solide pour passer à travers cet Automne allemand de Stig Dagerman, l’écrivain suédois connu surtout pour Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, court monologue très émouvant qu’il a écrit six ans plus tard. Il y écartera, l’une après l’autre, toutes les consolations qui s’offrent à notre solitude et à… Lire la suite Automne allemand, de Stig Dagerman
“German Autumn” by Stig Dagerman
You need a strong stomach to get through German Autumn by Stig Dagerman (1923-1954), the Swedish writer best known for Our Need for Consolation Is Insatiable, a short, moving monologue he wrote six years later. In it, Dagerman dismisses, one after the other, all the consolations offered to our loneliness and difficulty of living, which… Lire la suite “German Autumn” by Stig Dagerman
Les lectures de Thomas Mann
Si l’on se fie à son Journal (1918-1921, 1933-1955, le reste ayant été détruit), tout le long de sa vie, à 45 ans ou à 70, Thomas Mann quand il trouve le temps de lire, souvent le soir et parfois jusque tard dans la nuit, ne lit, à part les livres de son frère Heinrich… Lire la suite Les lectures de Thomas Mann
Langue et “diversité”
Vienne – aux prises il y a cent ans avec le problème de la langue nationale menacée. Dans son livre L'impossible exil de Stefan Zweig, où il se concentre sur les dernières années du célèbre écrivain autrichien, George Prochnik décrit ainsi la Vienne de l'époque : « Parce qu’elle était un pôle d’attraction pour les… Lire la suite Langue et “diversité”
Le magicien, de Colm Tóibín
Le magicien est Thomas Mann, que ses enfants avaient surnommé ainsi parce qu’il leur faisait des tours de magie. La magie a opéré aussi quand il avait fait passer quatre générations de sa famille dans Les Buddenbrook à l’âge de 25 ans ou qu'il sublimera la montagne où il était allé rendre visite à sa… Lire la suite Le magicien, de Colm Tóibín
“The Magician” by Colm Tóibín
The magician is Thomas Mann, nicknamed by his children for his magic tricks. His magic also worked when, at the age of 25, he brought four generations of his family to life in The Buddenbrooks, or when he sublimated the mountain where he had gone to visit his wife, who was undergoing treatment at a… Lire la suite “The Magician” by Colm Tóibín
Réveil
Quand on commence à voir le bout du tunnel après un grave problème de santé, assez grave pour que beaucoup ne s’en sortent pas indemnes et qu’au milieu on n’ait eu aucune idée de ce que nous réservait notre nouvel avenir, pour ne pas dire le restant de notre vie, ni même si on allait… Lire la suite Réveil
Note sur Tonio Kröger de Thomas Mann
Ce court roman est merveilleux. Il a des points communs, mais quelques-uns seulement, avec les Lettres à un jeune poète de Rilke. Les deux cultivent la solitude, acceptée comme un devoir sacré ou comme une malédiction, la difficulté d’être comme les gens normaux qui vivent à plein leur vie, et la méfiance à l’égard de… Lire la suite Note sur Tonio Kröger de Thomas Mann
Tonio Kröger with Rainer Maria Rilke
This short novel is wonderful. It has some points in common, but only a few, with Rilke's Letters to a Young Poet. Both cultivate solitude, accepted as a sacred duty or as a curse, the difficulty of being like normal people who live their lives to the fullest, and the distrust of false literature (in… Lire la suite Tonio Kröger with Rainer Maria Rilke
Trois essais sur l’insignifiance, de Pierre Vadeboncoeur
Je ne savais pas trop quoi penser il y a quelques années en lisant la Lettre à la France que l’essayiste québécois Pierre Vadeboncoeur (1920-2010) avait annexée à ses Trois essais sur l'insignifiance, en 1983. Il disait éprouver en marchant sur le sol français une sensation d’adhérence, un lien entre le sol et ses pas,… Lire la suite Trois essais sur l’insignifiance, de Pierre Vadeboncoeur
Winesburg-en-Ohio, de Sherwood Anderson
J’avais déjà lu quelques nouvelles de Sherwood Anderson (1876-1941) dans des anthologies de short stories américaines, où il brille souvent par sa présence. Son écriture m’a toujours semblé manquer de relief, une langue ordinaire non pas blanche mais coulée dans une syntaxe simple et parfois relâchée, avec la petite musique pressée de la langue qu’on… Lire la suite Winesburg-en-Ohio, de Sherwood Anderson
Un poème au milieu du bruit, d’Antoine Boisclair
Ce recueil qui se présente comme une simple collection d’essais pourrait servir d’introduction à la poésie. L’auteur a beau se limiter à une poignée de contemporains, il dégage de leurs poèmes des thèmes soit rattachés depuis toujours au cœur même de la poésie (le temps, la mort, la nostalgie), soit proches des grandes préoccupations actuelles… Lire la suite Un poème au milieu du bruit, d’Antoine Boisclair
La grande Marie ou le luxe de sainteté, de Carl Bergeron
Carl Bergeron est à peine visible dans la vie littéraire. Quelques inconditionnels avaient encensé Voir le monde avec un chapeau, qui avait autrement donné lieu à d’étranges critiques, dont l’une saugrenue dans la revue Liberté lui tricotait un bonnet d’âne avant de lui taper dessus à grands coups de Gramsci. Avec son « Épreuve » que doivent… Lire la suite La grande Marie ou le luxe de sainteté, de Carl Bergeron
Les villes de papier, de Dominique Fortier
J’ai longé plusieurs fois le présentoir très fourni de la librairie où je m’étais arrêté, à Rimouski, avant de repérer ce livre si discret dans l’édition Alto. Objet de curiosité qu’on aurait dit qu’on pouvait déplier comme un origami, pour en faire surgir des villes, peut-être des poèmes cachés comme dans une cocotte de papier.… Lire la suite Les villes de papier, de Dominique Fortier
Trois essais québécois
La poésie est omniprésente de diverses manières dans ces trois livres : par le survol d’œuvres contemporaines chez Antoine Boisclair, le récit d’une vie entièrement dédiée à la poésie dans Les villes de papier de Dominique Fortier, celle d’Emily Dickinson, et l’apologie d’une mystique littéraire chez Carl Bergeron. * Antoine Boisclair, Un poème au milieu… Lire la suite Trois essais québécois
Note sur la traduction de L’iris sauvage, de Louise Glück
En lisant L’iris sauvage de Louise Glück, on remarque vite que les mots qui se rapportent au je qui est présent dans presque tous les poèmes sont accordés parfois au féminin, parfois au masculin. C’est que l’identité de la voix qui s’exprime à la première personne varie au fil des pages. Dans les extraits suivants :… Lire la suite Note sur la traduction de L’iris sauvage, de Louise Glück
Fin de combat, de Karl Ove Knausgaard
Fin de combat est le sixième et dernier tome du long roman de Knausgaard, Mon combat. Les quatre mille cinq cents pages (en français) de l’œuvre ont été écrites à un train d’enfer, de l’hiver 2008 à l’automne 2011. Quarante ans de la vie de l’auteur y passent dans le désordre. Malgré l’étiquette d’écriture automatique… Lire la suite Fin de combat, de Karl Ove Knausgaard
Journal du printemps 2020
29 mars Couru pendant une heure dans le brouillard le long des sous-bois près de chez moi. Quelques incursions sur des terrains broussailleux, où j’ai tapé des flaques d’eau, de la terre mouillée, des bouts de gravelle et brisé de minces feuilles de glace. Vu passer à travers le brouillard, lentes et silencieuses, cinq ou… Lire la suite Journal du printemps 2020
Peinture : Edvard Munch
Deuxième chronique sur un essai d'écrivain consacré à la peinture. Cette fois, le livre de Knausgaard sur Edvard Munch. Knausgaard commence son examen des tableaux de Munch (1863-1944) par le très beau Champ de choux, peint en 1915. Ce genre de paysage pur, sans âme qui vive a marqué les peintres canadiens du Groupe des… Lire la suite Peinture : Edvard Munch
Sándor Márai entre Krúdy et Kertész
Envoûté par Dernier jour à Budapest, le roman de Sándor Márai, je suis allé me promener dans ses œuvres, difficiles à faire traverser l’Atlantique à cause de la pandémie, mais heureusement disponibles dans des librairies de Montréal. Puis sautant entre les générations d’écrivains hongrois, j’ai reculé jusqu’à Gyula Krúdy (1878-1933) que Márai décrivait dans son… Lire la suite Sándor Márai entre Krúdy et Kertész
Six romans
Brèves critiques de romans faites peu de temps après leur parution, et publiées d'abord séparément : romans de Maxime-Olivier Moutier, Michel Braudeau, Ayavi Lake, H.A. Sarori, Christine Daffe et Guillaume Bourque. * Journal d’un étudiant en histoire de l’art, de Maxime-Olivier Moutier (oct. 2016) On s’amuse et on s'instruit à la fois dans le roman… Lire la suite Six romans
Roman, nouvelle et poème
C’est un trait curieux de la nouvelle que de ne pouvoir se lire qu’à raison de quelques-unes à la fois, alors qu’on peut enfiler romans et poèmes jour après jour, sans se lasser. Avec les nouvelles, on a vite l’impression que les histoires tournent à vide. Pas dans certains cas exceptionnels comme Tchekhov, sans doute… Lire la suite Roman, nouvelle et poème
Fonds-Saint-Denis, Martinique
Février 2020 À la sortie de l’aéroport, il n’y a pas beaucoup d’exotisme, à part les palmiers. Les premières Martiniquaises que l’on croise sont grandes, maquillées, pressées, style professionnelles, et plutôt pâles. Elles font très métropole. Elles ne vivent pas dans le même monde que les dames vêtues de madras qui nous prépareront quelques jours… Lire la suite Fonds-Saint-Denis, Martinique
