J’ai entamé ces Notes à contrecœur parce que les écrits de Marcotte m’ont souvent rebuté. Des louanges ou des condamnations exagérées, des idées carrées, une façon expéditive et peu convaincante d’aller au fond des choses, des opinions politiques qui ont de quoi vous envoyer les sourcils en orbite autour de la tête. * Il avait… Lire la suite Notes pour moi-même (2002-2012), de Gilles Marcotte
L’ordre du jour, d’Éric Vuillard
Pourrait servir d'introduction ou de lecture préparatoire aux Bienveillantes de Jonathan Littell. Les œuvres les plus fortes qui tournent autour des Nazis et de la Deuxième Guerre mondiale ne sont pas celles qui nous donnent à lire un chapitre clos de l’Histoire, mais celles, comme ces deux-là, qui nous font bien sentir que tout cela est encore… Lire la suite L’ordre du jour, d’Éric Vuillard
Le poids de la neige, de Christian Guay-Poliquin
Dans toutes les recensions et entrevues que j'ai lues sur Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin, il n’est jamais question de l’aspect religieux du livre. Il me semble pourtant que ça crève les yeux. Tous les personnages masculins, sauf un, portent un prénom à résonance biblique qui commence par la lettre J (ils… Lire la suite Le poids de la neige, de Christian Guay-Poliquin
Voir le monde avec un chapeau, de Carl Bergeron
Le journal de Bergeron a provoqué des réactions extrêmes quand il est paru en 2016. Il a été soit qualifié de chef-d’œuvre (Christian Rioux, Jacques Dufresne, Mathieu Bock-Côté) ou descendu avec mépris, par exemple par Simon Tremblay-Pepin qui a traité Bergeron de Narcisse à chapeau, mais sans dire l’ombre d’un mot sur son idée maîtresse :… Lire la suite Voir le monde avec un chapeau, de Carl Bergeron
Les mots et les phrases
Dans un numéro de la revue L’Inconvénient, cette remarque d’Ugo Gilbert Tremblay : « l’affaiblissement de la richesse lexicale et de la structuration logico-syntaxique découlant d’une anglicisation enthousiaste ... laisse songeur quant à la composition d’une élite francophone, dont l’indigence est déjà peu enviable ». Les débats sur cette question tournent presque toujours autour du… Lire la suite Les mots et les phrases
Zweig chez les Suisses
Portrait caustique, mais vraiment pas subtil. Dans son journal, en 1917, voyageant en Suisse alémanique : « Étrange : ce que l’on considère de loin comme la liberté, en Suisse, a un tout autre aspect quand on est sur place. Ils sont pour ainsi dire perchés sur la pointe d’un clocher, isolés, détachés, en quelque… Lire la suite Zweig chez les Suisses
Salon
Quelques-unes des personnes que Zweig et sa femme ont reçues dans leur maison de Salzbourg, au début des années 30, donc avant l'arrivée de Hitler au pouvoir : Romain Rolland.Thomas Mann. H.G.Wells. Hofmannsthal. Joyce. Valéry. Arthur Schnitzler. Ravel. Strauss. Alban Berg. Bruno Walter. Bartók. Toscanini. Entre autres.
Quatuor, d’Anna Enquist
Sombre roman néerlandais qui réunit quatre instrumentistes à cordes dont la musique est un hobby libérateur à coté de leur carrière : luthier, médecin, infirmière et médiateur culturel. Un couple parmi eux, un divorcé avec sa petite fille, une mère de famille, leurs amitiés difficiles. Tout est raconté au présent de façon naturelle. On finit… Lire la suite Quatuor, d’Anna Enquist
En lisant Le palais de la fatigue
Bijoux dans le recueil de nouvelles de Michael Delisle : « Sur le projet de son groupe, [mon frère] ne s'est ouvert qu'une fois, pour m'avertir qu'advenant la “Révolution” il ne pourrait rien pour ma mère et moi, et que nous serions probablement fusillés. Aucunement navré, son ton était professoral. » « Mon frère avait-il, quelque… Lire la suite En lisant Le palais de la fatigue
Au Lincoln Center
Merveilleux coup d’oeil de Ph. Roth : « Je le vois la regarder traverser — d'une belle foulée — la vaste esplanade du Lincoln Center. Il est caché derrière un pilier, invisible, l'œil sur elle, comme moi le soir où je l'ai emmenée à son premier concert Beethoven. Elle porte des bottes, de hautes bottes de… Lire la suite Au Lincoln Center
Plusieurs romans de Douglas Kennedy
J’ai lu à la file une série de romans de Douglas Kennedy. Récits captivants, de vrais page-turners, autour d’histoires conjugales ou amoureuses où les couples se font et défont sur un arrière-plan tragique. Kennedy est un expert en rebondissements, capable de clore dix courts chapitres de suite sur des chutes qui renvoient le lecteur dans… Lire la suite Plusieurs romans de Douglas Kennedy
Karl Ove Knausgaard
Janvier-mars 2017 À propos de commentaires sur Mon combat (Mein Kampf) de Knausgaard glanés ici et là. D'abord, ce jugement incroyable de Pierre Assouline dans un Dictionnaire amoureux des écrivains. Dictionnaire amoureux… Son sophisme est éclatant comme un haïku : il appelle Knausgaard le Proust norvégien ; le juge en fonction de Proust ; l'exécute. Sauf que Knausgaard a peu… Lire la suite Karl Ove Knausgaard
Annie Saumont
Vient de mourir. Icône de discrétion. Contrairement à Carver, son minimalisme est réel, il vient d'elle-même. Elle respire comme ça, son style est lent, se développe par petites touches, et pourtant l'histoire est nette et rapide. Elle n'écrit comme personne, et personne n'écrit comme elle. En deux trois coups de crayon, elle peut créer une… Lire la suite Annie Saumont
Tchekhov
Tchekhov a écrit 650 nouvelles, une douzaine de pièces de théâtre, 5 000 lettres, des chroniques, ouvert des écoles, des bibliothèques, des dispensaires et organisé des soins pour lutter contre la famine et le choléra. Puis il est mort à 44 ans.
Shirley Jackson
Étonné de tomber, dans le journal Le Devoir d’hier, sur un article consacré à la nouvelle « La loterie » de l’écrivaine gothique américaine Shirley Jackson. J’ai découvert ce chef-d’œuvre il y a une vingtaine d’années en lisant un recueil publié à la St. Martin’s Press, The Short Story, 25 Masterpieces, où Jackson côtoyait Joyce,… Lire la suite Shirley Jackson
Glanures de Ferron
Jacques Ferron dans sa correspondance avec André Major : « Les Néo-Canadiens sont hostiles aux Canadiens français. Ils ont perdu leur langue ; ils ne nous pardonnent pas de conserver la nôtre. » « Nous commençons tous par la poésie et comment finissons-nous ? Nous avons mal fini. Au moins jusqu’à ce jour. Nous nous… Lire la suite Glanures de Ferron
De la dictature
Le marquis Anthony de Portago, courtier, fils d'un célèbre pilote de course espagnol, dans une entrevue avec le photographe F. Scavullo il y a une quarantaine d'années : – Do you have any political ideas? – I believe in a dictatorship. I definitely think a lot of people should be told what to do because… Lire la suite De la dictature
Kundera, Joyce et le narrateur
Je viens de lire un éloge de Risibles Amours, le recueil de nouvelles de Kundera, que j'ai lu il y a fort longtemps, mais que j'avais trouvé ennuyant comme la pluie. Je l’ai oublié, je me souviens seulement d’une scène où le narrateur ridiculise une militante qui s’offre à lui. C’est la même chose avec… Lire la suite Kundera, Joyce et le narrateur
Sage et anxieux
Parole de sage ? ou au-delà de la sagesse ? Imre Kertész : « J'essaie de lire des livres sages, mais ils m'énervent toujours davantage. La sagesse fait apparaître la vie pour ainsi dire comme une coutume, bien qu'on ne puisse s'accoutumer à la vie et que ce soit justement là que réside tout son… Lire la suite Sage et anxieux
Un ange cornu avec des ailes de tôle, de Michel Tremblay
Quand on a lu les Chroniques du Plateau Mont-Royal, on n'est pas si étonné d'apprendre qu’adolescent Tremblay a dévoré Proust. Surtout quand on tombe sur des passages comme le portrait de sœur Philomène à l'église dans la 2e partie de Thérèse et Pierrette à l’École des Saints-Anges. En passant, je ne sais pas d’où vient la légende qu’il écrit… Lire la suite Un ange cornu avec des ailes de tôle, de Michel Tremblay